Le Projet initial

Présentation du projet

Yamaʼs path est né de lʼenvie de monter un spectacle musical et visuel proche de la performance et de lʼinstallation, ainsi que celle de faire un « anim-concert » (équivalent dʼun vidéo-concert avec des animations).
Absurde et lucide, sombre et naïf, drôle et inquiétant, Yamaʼs path propose un imaginaire visuel dense et décalé, associé à un concept sonore et scénique efficace et énergique.
Ce projet sʼinspire de manière libre et créative du fonctionnement de la roue de la vie*, lʼimagerie quʼelle véhicule (codes de représentations, matérialisation de lʼimpalpable), et lʼimaginaire qui en découle.
Partant de cette symbolique très importante au Tibet, Yamaʼs path est une « narration » imagée et non linéaire des « douze étapes clés » de lʼexistence telles que présentées dans la roue de la vie.

 

tete_03Sachant que la roue de la vie est un diagramme, chacune des parties (vidéo, musique, jeu) du spectacle avance en créant des ramifications souterraines (de sens et de mémoires), donnant ainsi une unité à lʼensemble du spectacle, créant une autre sorte de diagramme, cette fois-ci temporel.
Pour écrire les scénarii, nous avons choisi de partir dʼextraits de contes populaires tibétains librement adaptés… Ces textes sont choisis pour leur écriture visuelle riche, et en fonction des liens possibles avec la roue de la vie.
Lʼimaginaire contenu dans ces textes nous sert à créer un univers fantastique, transversal, avec son fonctionnement interne, ses trajectoires et questionnements.

* La roue de la vie est un diagramme dessiné à lʼorigine par le Bouddha Shakyamuni, qui représente tous les environnements du Samsara, ou« existence cyclique », ainsi que tous les êtres qui y habitent. Elle contient (entre autres) les représentations du monde des animaux, des six mondes symboliques, et les douze causes interdépendantes et leurs effets, autrement dit le monde des humains. Ce monde est représenté par douze scènes qui montrent des étapes clés de la vie humaine. Yama, dieu de la mort tibétain, actionne cette roue, nous rappelant lʼimpermanence de toute chose..

Projet musical

Les projets initiés par Uriel Barthélémi font appel, dans leur majorité, à des musiques mixtes et constituent une recherche et un travail de fond sur les couleurs sonores quʼil est possible dʼobtenir par les traitements des instruments acoustiques et la fusion de lʼélectronique au sein dʼune formation musicale.
Yamaʼs path ne déroge pas à cette ligne directrice. Il aborde un nouvel aspect de ce travail tant par le dispositif scénique que par la formation instrumentale et son utilisation : Le mariage des timbres de la batterie, la harpe et de l’électronique donne la place à la création dʼun son spécifique, couvrant un spectre timbral dense, et permettant une musique très contrastée.
Sur le plan de lʼécriture, la réflexion musicale se base sur une approche faisant appel à des modes dʼimprovisations issus du jazz contemporain et de la musique contemporaine, ainsi quʼà des modes dʼécritures et de constructions sonores complexes (intégration de lʼélectronique, relation instruments/ordinateur) et propres au projet.

Lʼécriture pose également une réflexion sur les relations musique / image et exploite au maximum les correspondances de sens qui peuvent être établies entre ces deux formes, cherchant constamment à créer la surprise.
Sur le plan musical, cela se traduit par une écriture qui fait appel à des effets, acoustiques ou électroacoustiques assez peu appliqués dans des musiques plus traditionnelles: création dʼambiances cinématographiques, utilisation de reliefs sonores, glissements de timbres, grossissements/ extrapolations de la réalité sonore induite par la vidéo, décadrages, arrières plans, jeux dʼillusions, cassures rythmiques (sur les plans macro (structure globale) et micro-rythmiques), …
Le compositeur se situe sur un point dʼéquilibre entre plusieurs courants esthétiques et souhaite ici utiliser de manière approfondie lʼagilité de chaque instrumentiste : les possibilités de créer des formes souples, de disposer de champs dʼimprovisation très vastes, permettent de créer une musique en perpétuelle évolution, questionnant sans cesse le rapport à lʼélectronique; celle-ci nʼétant pas reléguée en accompagnement, mais pensée comme composante primordiale du son, comme un cadre extérieur, englobant les instruments.

Projet video

Trois tableaux interdépendants mis en motion selon une esthétique très précise :

Détourner des visuels issus de lʼimagerie tibétaine, pour illustrer de manière linéaire ou non les extraits de textes choisis.
Cette réappropriation du matériau permet dʼaboutir à un ton décalé, la dérision et lʼhumour se voulant être lʼétat dʼesprit prédominant et déterminant du projet visuel.
Une forme de kitsch fantastique – plus proche de la rêverie que de lʼexotisme – issue des représentations et du grain de ces représentations, alliée à une approche du collage cheap et sophistiquée à la fois, apparaît et crée une identité intense et originale.
La force qui transite dans ces représentations jusquʼau moindre détail nous sert de matière de base pour recomposer un autre univers, très dynamique et coloré, et rythmé au même titre que la musique. Les différences de qualité de conservation des images de bases, ainsi que les différents courants nous permettent dʼaboutir à un champ de variation très large, offrant la possibilité de donner des couleurs spécifiques à chaque épisode, tout en conservant une unité globale.
Cette relecture dʼun imaginaire extra occidental aboutit à un discours parallèle, critique vis à vis et des conceptions occidentales et du discours engendré par la symbolique que nous utilisons, et qui peut servir à rapprocher et à montrer la proximité de certaines conceptions dans les imaginaires.
La partition visuelle fonctionne comme une partition musicale, une écriture stricte et souple à la fois, comprenant des parties dʼimprovisations.
La récupération des données générées par les instruments permet dʼobtenir de la vivacité et ajoute une marge de jeu à lʼinterprétation vidéo, la vidéaste étant libre de ses choix, dans les parties dʼimprovisation.